CDPA-BT : Que peut-on espérer du Sommet de la CEDEAO ?

CEDEAO

 

Les togolais sont restés suspendus jusqu’aujourd’hui au sommet des chefs d’États de la CEDEAO qui se tiendra à Lomé le 31 juillet 2018 sur la « crise » politique togolaise.

A l’analyse du communiqué publié par les facilitateurs de l’organisation sous-régionale le 27 juin 2018, les recommandations qui seront publiées à l’issue du sommet du 31 juillet 2018 n’iront fondamentalement pas dans le sens souhaité par la C14. Pour des raisons multiples, elles ne seront pas différentes de celles déjà préconisées par le groupe des 5 (représenté par les ambassadeurs de France, d’Allemagne, des États-Unis, de l’Union européenne et le représentant des Nations Unies) au Togo. La crise que traverse le Togo ne trouvera pas une issue dans des élections organisées dans le respect de l’ordre existant monté pour maintenir le régime dictatorial au pouvoir.

Or, c’est bien dans cet esprit,- il convient de le rappeler-, que le groupe des 5, appuyant l’effort des facilitateurs, avait invité les parties prenantes « à respecter les engagements pris dans le cadre de la préparation et du déroulement des premières séances du dialogue inter-togolais qui a débuté le 19 février ; à dépasser les positions de principe et à s’engager, sans délai, …, dans une discussion de fond sur les questions constitutionnelles et électorales, afin de parvenir à un accord sur les réformes dans le respect de l’État de droit et des dispositions légales et constitutionnelles en vigueur ; à parvenir à un accord sur un cadre démocratique rénové et consensuel, afin que les électeurs togolais puissent exprimer un choix dans des élections libres et transparentes ».

Une proposition dans le même sens a été faite par l’ambassadeur de la République d’Allemagne au Togo, quand il a approuvé la décision du gouvernement togolais « de se conformer aux textes réglementaires ». Se conformer aux textes en vigueur, n’est-ce pas la règle d’or dans toute démocratie ? Mêmes propos que ceux du Président Emmanuel Macron, qui a réitéré la même position qu’il exprime depuis le début de cette « crise ». « Il y a une démarche qui est lancée par l’Union Africaine pour qu’il y ait des élections libres et que la Constitution soit respectée. […] que la Constitution inscrive la limitation des mandats dans le temps, que le peuple puisse s’exprimer et procéder à une transition démocratique »..

Tous ces propos donnent un sens au communiqué publié le mercredi 27 juin 2018 par les facilitateurs. Dans ce communiqué, ils avaient souhaité « la tenue des élections avant fin novembre 2018 conformément à la Constitution togolaise en vigueur ».

Le communiqué, qui avait ouvert une nouvelle polémique dans le pays, donne une idée de l’esprit dans lequel seront rédigées les recommandations et la feuille de route promises par les facilitateurs pour le 31 juillet 2018.

Dans tous les cas, si tout doit se passer dans le cadre de l’ordre constitutionnel et institutionnel en vigueur, il ne fait plus aucun doute qu’on s’achemine vers des élections comme solution de « sortie de crise ».

On voit combien il est difficile de croire que les recommandations de la conférence des chefs d’États de la CEDEAO, peuvent résoudre le problème politique togolais. Certains ont laissé croire que le changement en vue à la tête de la CEDEAO offrira une chance d’y parvenir. En réalité, c’est se tromper ou tromper le Peuple. La CEDEAO est fondée sur les principes de l’égalité et de la souveraineté des États membres. Au vu de ces principes, les États de l’organisation sous-régionale ne seront pas tentés de créer un précédent dans la zone CEDEAO, en recommandant un régime de transition sans Faure. Les chefs d’Etats s’en tiendront au respect de l’ordre constitutionnel et institutionnel en vigueur.

Il faut reconnaître que l’appel à « la conscience » de Faure Gnassingbe et la feuille de route du sommet de la CEDEAO à la fin du mois de juillet ne seront pas de nature à changer le cours de l’histoire. La C14 ou ceux qui vendent cette illusion au Peuple doivent avoir le courage de reconnaître la faiblesse de leurs propositions et l’exprimer expressément et clairement pour permettre au Peuple de comprendre l’enjeu de la lutte pour le changement démocratique. Cela lui permettra de se donner les moyens appropriés pour la réussir.

Au lieu de maintenir le Peuple dans l’attente que la CEDEAO apporterait la solution au problème togolais, n’est-il pas plus judicieux de chercher avec lui la forme d’organisation la meilleure pour changer le rapport des forces en faveur de l’opposition ?

Les questions qui doivent nous préoccuper sont donc comment faire pour renverser le rapport de force en faveur de l’opposition, et comment faire pour mettre fin au régime de dictature afin de pouvoir construire une société démocratique juste. Le départ d’un homme ne met pas fin à un système politique de dictature de plus de 50 ans. Eyadema est mort ; mais son système oppressif demeure. C’est une leçon à retenir !

C’est pourquoi la CDPA-BT, en s’appuyant sur les leçons du passé, recommande le Mouvement de la force alternative de l’opposition (le MFAO). Encore une fois, elle propose aux forces démocratiques du pays d’accepter de se mettre ensemble dans une structure appropriée pour le construire ensemble. Cela exige de se donner ensemble une politique alternative d’opposition.

Paris, le.29 Juillet 2018

Pour la  CDPA-BT  Section France.
Le Secrétaire
E.Boccovi

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