LA CDPA-BT ET LA DECLARATION DU PA.DE.T

 

La CDPA-BT apprécie avec un grand intérêt la déclaration du P.A.DE.T en date de 25 avril sur la situation sociopolitique de notre pays à la veille de la commémoration du 59ème anniversaire du 27 avril. Nous nous félicitons de la concordance de vue entre la CDPA-BT et le PA.DE.T sur nombre de constats établi par la déclaration.

1- Il ne fait aucun doute qu’après 59 ans d’indépendance, le peuple togolais aspire toujours aux libertés démocratiques et à l’amélioration de ses conditions de vie au plan économique, social et culturel.

Effectivement, la politique nationale conduite par le régime autocratique pendant 56 ans, autrement dit pendant plus d’un demi-siècle, n’a pas permis à la très grande majorité des Togolais de réaliser ces aspirations. Au contraire, le pays régresse et les conditions d’existence se dégradent continuellement pour la grande majorité de la population. A tous les points de vue.

2- L’insurrection populaire d’octobre 1990 se justifie par cette dégradation des conditions de vie dans un contexte sociopolitique d’embrigadement politique (le RPT), d’oppression, d’arbitraire, de pillage ostentatoire des ressources nationales par une minorité de Togolais objectivement alliés à l’impérialisme international.

Dans un système politique d’oppression où une minorité confisque le pouvoir d’Etat et organise sans retenue le pillage du bien public pour satisfaire des intérêts égoïstes aux détriments de l’immense majorité de la population, le seul moyen qui reste à la majorité pour tenter de se dégager du joug de l’oppression est de descendre dans la rue.

De ce point de vue, ce n’est jamais superflu de rappeler que les manifestations populaires de revendication sont avant tout un moyen d’expression pour le peuple soumis à l’oppression et à l’exploitation. Elles font partie des libertés démocratiques.

3- Depuis que l’on a dévié l’insurrection populaire d’octobre 1990 dans la voie électoraliste avec l’intention non avoué d’y étouffer la lutte d’opposition, toutes les élections organisées par le régime sont effectivement des élections tripatouillées pour toujours permettre au pouvoir en place de se proclamer vainqueur des urnes, indûment.

La cour constitutionnelle instituée depuis 1996 pour valider ce type d’élections l’a toujours fait sans avec empressement jusqu’à ce 20 décembre 2019. Il est évident que c’est une situation intolérable.

4- Dans ces conditions, le “ Pas de réformes, pas d’élections ” n’est pas seulement un mot d’ordre juste. Il prend la force d’un principe sacré pour la lutte d’opposition. C’est en effet par des élections toujours tripatouillées, souvent accompagnées de violence d’Etat gratuite, que le régime s’est maintenu au pouvoir jusqu’à présent, avec une politique nationale contestée par la majorité de la population. Cela se passe ainsi depuis 29 ans parce que le régime en place n’est pas démocratique.

Quand la rationalisation de la politique d’opposition permettra au pays de se donner des institutions démocratiques, les élections elles-mêmes deviendront démocratiques, tant dans le processus de leur organisation que dans les modalités de la proclamation de leurs résultats.

C’est pour cette raison que tous ceux qui aspirent au changement démocratique devraient se battre au sein de l’opposition elle-même pour arriver à rationaliser la lutte d’opposition.

5- Le peuple descendu dans la rue en 1990 pour revendiquer la fin du régime autocratique avait montré sa détermination de se battre pour atteindre cet objectif. Et il avait consenti les sacrifices les plus durs possibles pour cela.

Le même peuple a effectivement démontré la même détermination en répondant à l’appel de la C14 par sa participation massive aux grandes manifestations d’août-décembre 2017. Ce constat est indéniable.

Malgré la répression et les tracasseries de toutes sortes pour la saper, cette détermination demeure après cette triste parodie d’élection du 20 décembre 2019, comme le rappelle la déclaration du PA.DE.T. De même, elle demeure bien que les incohérences de la pratique politique de la C14 et l’échec constatée de la politique d’opposition conduite pendant ces trente mois par la coalition aient produit des déceptions sévères et des récriminations souvent violentes au sein de la masse des opposants.

Ceci étant, si la détermination du peuple est une donnée capitale pour l’efficacité de la lutte d’opposition, elle n’a pas en soi la force nécessaire pour permettre à l’opposition de réaliser le changement démocratique. Elle n’a d’efficacité réelle qu’intimement associée à une direction fortement soudée dans la durée par une cohésion sans faille et une politique d’opposition cohérente par rapport aux aspirations populaires.

6- Comme le dit si justement la déclaration, la C14 a fini par imploser sous la pression de ses contradictions internes. Des contradictions qui découlent tout naturellement de la disparité idéologique du groupe et de l’absence de cohérence stratégique de sa ligne politique (sic).

Sans intention de porter un jugement de valeur sur les acteurs membres du regroupement, il faut ajouter un fait majeur : sous la pression des circonstances et des ambitions contradictoires à l’origine de sa formation de la coalition, les partis de la C14 ne se sont pas donnés le temps nécessaire pour penser vraiment le regroupement avant de le proclamer.

La simple cooptation ne suffit pas pour conférer à la C14 cette cohésion idéologique et cette cohérence stratégique mentionnées dans la déclaration.

6- Enfin, le PA.DE.T a le mérite d’inviter les opposants togolais à une réflexion constructive sur les événements de l’Algérie et du Soudan.

A ce sujet, il faut souligner une constatation préoccupante. Depuis 1990, et en particulier depuis que l’insurrection populaire a été étouffée dans la logique électoraliste à partir de février 1992, les partis de l’opposition togolaise ont organisé la lutte d’opposition dans un esprit étroitement nationaliste.

Et pourtant, dans le fond, les problèmes de la démocratie, du progrès des conditions d’existence de la grande masse de la population et, par conséquent ceux de la lutte d’opposition, se posent, de la même manière au-delà des frontières coloniales imposées sur le continent comme des réalités nationales intangibles.

Le peuple opposant descendu dans la rue exige la démilitarisation du pouvoir d’Etat et l’administration au Soudan. En Algérie, la rue ne veut plus voir l’armée continuer de confisquer le pouvoir d’Etat et dominer le fonctionnement de l’administration. Qui peut sérieusement affirmer qu’au Togo le pouvoir et l’administration publique ne sont pas militarisés depuis 1963 ?

Cette vision nationaliste étriquée de la lutte d’opposition pose des problèmes de fond. On ne peut pas les aborder dans le cadre limité de ces réflexions sur la présente déclaration du PA.DE.T.

7- Le PA.DE.T termine sa déclaration en lançant un appel à tous ceux qui veulent vraiment que le pays en finisse avec « ces longues années de désastre socioéconomiques et politiques ». Il leur propose d’accepter « d’ouvrir la discussion ». Cet appel est une exigence.

La CDPA-BT estime que l’inacceptable scrutin du 20 décembre 2019 et l’implosion de la C14 mettent chaque opposant à une autre croisée des chemins qui impose à chacun de faire clairement un choix. Cette nécessité du choix justifie l’appel du PA.DE.T et donne à sa proposition toute sa valeur.

Pour la CDPA-BT, la lecture attentive de la déclaration du PA.DE.T impose clairement un impératif, celui de la nécessité pour l’opposition de se donner une organisation qui, par na nature, sa cohésion dans la durée et la cohérence de sa pratique politique, peut lui permettre de réaliser l’objectif de la lutte d’opposition.

Lomé le 1er mai 2019

Pour la CDPA-BT
Son Premier Secrétaire

Prof. E. GU-KONU

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